lundi 30 avril 2012

Joyeux 1 er mai



Joyeux 1er mai!! Pour mémoire, le premier mai tire son origine de la commémoration du 1er Mai 1886, lorsque les syndicats américains ont appelés à une grève générale pour limiter la journée de travail à 8h. 






A Chicago, Illinois, la manifestation a dégénérée en affrontement avec les forces de l'ordre. La police ouvrit le feu sur les ouvriers grévistes faisant 3 morts. L'émeute qui s'ensuivit aboutit peu après à la condamnation à mort de huit  grévistes, dont quatre, anarchistes, furent pendus.

En 1941, le maréchal Pétain effectua un glissement idéologique vers « la fête du Travail et de la Concorde sociale ». 


Au delà de cet avatar de l'histoire, le 1er mai reste la fête de la dignité des travailleurs. Il s'agit pour moi de revendiquer la possibilité de gagner sa vie dignement grâce à son travail. Attention de ne pas se faire polluer par les discours tendancieux de notre président actuel. 

dimanche 29 avril 2012

Du vote FN et de l'aménagement du territoire



Complété par un extrait un article du nouvel obs 

"Une France périphérique

Nous assistons donc bien à une migration du vote FN vers le monde périurbain et rural. Les sentiments d’abandon, d’éloignement touchent des populations, qui ne sont pas toutes en souffrance sociale, mais qui veulent se faire entendre en témoignant elles aussi de leurs difficultés.Elles vivent ou ont le sentiment de vivre un déclassement qui renforce une peur de l’avenir.

A cela s’ajoute, les conséquences de la mondialisation, avec la naissance d’une France périphérique. Une nouvelle géographie sociale des territoires se dessine dont le vote de dimanche est l’expression politique. Toute une population d’ouvriers, d’employés, de petits cadres, vit à l’écart du développement métropolitain. Ainsi les catégories les plus modestes ne résident-elles plus seulement de l’autre côté du périphérique parisien, mais de l’autre côté de la banlieue, dans les territoires périurbains."

Sur la base de ces analyses, je pense que le sous titre du monde "les villes résistent à Marine Le Pen" n'est pas très juste. En effet, c'est surtout le vote FN qui gagne les franges rurbaines pour arriver au triste record historique du score du FN. 

Une des pistes de réflexion est le lien avec l'aménagement du territoire. 

Dans les agglomérations où les collectivités locales ont pris le leadership du développement urbain, une réflexion et une action publique forte ont permis de structurer le monde urbain autour de centres villes redevenus attractifs: rénovation des espaces publics, action en faveur des transports en communs, redynamisation culturelle, travail architectural, mise à niveau des services publics.... quelques exemples dans des articles précédents: le quartier de la Chapelle ou la porte des Lilas

Quartier du Luth à Gennevilliers dans la banlieue parisienne 
Alors que les centres villes s'embourgeoisent (phénomène auquel je suis conscient de participer), les franges de la population les plus pauvres, principalement d'origine immigrée, ont été repoussées au niveau de la première périphérie. Ils vivent dans les quartiers dits sociaux ou grands ensembles marqués par une paupérisation et une dégradation rapide du cadre de vie malgré les efforts insuffisants (et désordonnés?) des urbanistes et des pouvoirs publics: délabrement, insécurité, communautarisme...


   


Cette dégradation du climat social et urbain, la flambée des prix de l'immobilier ainsi que peut être le désir toujours vivace de posséder une maison avec un petit jardin ont entraîné une migration des classes moyennes-moins vers les périphéries lointaines où les prix du foncier sont encore raisonnables. 
Ci dessus la représentation des aires urbaines (une commune est dans l'air urbaine lorsque 40% de la population active de la commune travaille dans le pôle urbain centre) qui s'étalent au fil des ans bien au delà des limites administratives des agglomérations. 


Ce phénomène est accentué par les lacunes de la politique d'aménagement du territoire où la réalité vécue des agglomérations va au delà des périmètres administratifs actuels. L'aménagement du territoire, auparavant prérogative de l'Etat, souffre du retrait progressif de ce dernier qui n'est pas encore remplacé par les Régions dont les compétences restent trop limitées.   
Le vote Marine Le Pen - premier tour des présidentielles 2012

Dans ces territoires, ces populations qui représentent le "français moyen" subissent-ils une frustration vis à vis des privilégiés des centre villes? des populations qui seraient plus aidées dans les quartiers sensibles? 

Toujours est il qu'elles se retrouvent confrontées aux externalités de leur choix d'emplacement géographiques: temps de trajets, prix de l'énergie, carence en services publics dans les espaces ruraux,...  ce qui doit surement engendrer un ressenti vis à vis du reste de la population mais surtout vis à vis des gouvernants. La carte ci dessus montre bien que le vote Marine Le Pen est le négatif de la carte des grandes agglomérations (mise à part dans le sud est mais disons que c'est un cas à part). 

Une piste de réflexion est de ré-instaurer une politique globale d'aménagement du territoire en adéquation avec les échelles métropolitaines actuelles (ce que commence à dessiner timidement les Schéma de Cohérence Territoriale) pour essayer d'atténuer les conséquences sociales des évolutions économiques de nos sociétés. En effet, les phénomènes décrits ci dessus ne sont qu'une conséquence et non une cause. 

lundi 9 avril 2012

Le stade Dubai de l'urbanisme à Phnom Penh

En référence au livre de Mike Davis "le stade Dubai de l'urbanisme" de 2007, 
un article sur le développement urbain rêvé par les promoteurs. Alors que le Cambodge fait parti des pays les pauvres du monde, une certaine frénésie due à une bulle spéculative immobilière s'est imposée pour développer des projets urbains grandiloquents au cours des années 2000 dans la ville de Phnom Penh (1,5 millions d'habitant en 2011). 

Les différents morceaux de ville sont conçues comme des entités autonomes formant ce que l'on appelle en anglais des "gated communities". Au kitch, se rajoutent la privatisation de l'espace public et une  standardisation de la forme urbaine. Pour les militants des transports en commun que nous sommes c'est également une horreur car il s'agit de projets fait pour l'automobile qui vont venir casser le modèle de mobilité actuel. 

 Grand Phnom Penh Masterplan
Portail d'entrée Grand Phnom Penh
Ci dessus le bel exemple du projet Grand Phnom Penh.  Ce dernier comprend un golf (ce qui est moins choquant qu'à Dubaï dans la mesure où le pays regorge d'eau), des villas destinées à des classes moyennes-supérieures. 
Portail d'entrée International City Hanoi
 La standardisation est telle que l'arche en entrée est à l'identique de son pendant vietnamien à Hanoi "International City".


L'offre  de logement nous rappelle vaguement quelque chose. Par curiosité, je suis allez voir les différent logements. C'est un imaginaire tout à fait asiatique de Marseille ou New York.

Les villas "Marseille"
Les villas "New York"
A noter également que les intérieurs eux sont très asiatiques puisque l'on retrouve le format avec des logements en profondeur.



 Les autres exemples marquant sont:
  • la ville nouvelle de Camko réalisée "World City".

Camko

  • le quartier de Boeung Kak - le lac naturel est en train d'être remblayé pour  faire ce nouveau Manhattan
boeung kak
  • le quartier de Chruy Chongva
Chruy Chongva


Les projets de bureaux sont également présents dans une moindre mesure:
  • la tour  42  ou Golden Tower

Tout ceci est une belle vision de promoteurs, dès le début nous nous sommes posés la question du surdimensionnement de l'offre de logement haut de gamme par rapport au niveau de vie de la population. Ces différents projets sont l'exact opposé du modèle urbain actuel d'une remarquable homogénéité  avec une mixité des fonctions et des populations. Ces différents projets sont aussi révélateurs du manque de moyen technique et financier des autorités locales pour produire du développement urbain. La gestion de l'urbanisme se trouve complètement déléguée à des promoteurs privés pour le meilleur et pour l'enrichissement personnel de certains.

Il est intéressant de noter l'évolution actuelle, le Cambodge étant ce qu'il est, par un mécanisme naturel mâtiné de crise financière, d'explosion de la bulle immobilière et de corruption larvée, beaucoup des projets cités sont aujourd'hui plantés. Alors que la population continue de croitre à rythme élevée (3% par an), ce sont finalement les petites opérations ou l'autoconstruction qui se développent. L'album des photos géoréférencés  pour les curieux.

Les grands projets type Boeung Kak se sont accompagnés de délocalisation des populations les plus précaires ce qui n'a pas été sans faire du bruit et entraîner des sanctions des bailleurs de fond (la banque mondiale a suspendue son aide actuellement). Dans ce pays autoritaire, il est intéressant de noter que la vox populi se fait entendre fortement et que cela devienne un enjeu pour les autorités locales.




D'un point de vue de la forme urbaine, la ville commence à voir apparaître les stigmates de cette frénésie spéculative. Ci dessus les photos du paysage fantomatique de Camko City qui est planté pour diverses raisons mais en particulier les problèmes de corruption. Sur 1000 logements actuellement construits, seul 100 familles sont installées. 


Autre projet majeur aujourd'hui en friche, la tour 42 (comme 42 étages) dont l'ossature béton est à l'abandon, le promoteur coréen ayant fait une faillite plus ou moins frauduleuse.


On voit beaucoup d'immeubles dont les travaux sont arrêtés. A l'avenir, il sera intéressant de voir ce que tout cela va devenir. Est ce que les cambodgiens, dont la culture reste à dominante rurale vont s'essayer à la verticalité? les nombreuses gated communities vont elles rencontrer un public ou resteront elle en l'état de friche?  De notre point de vue transport en commun, comment va évoluer le modèle de mobilité actuelle à dominante deux roues? Les pouvoirs publics n'ont que peu de leviers quoiqu'ils s'en sortent plutôt honorablement. A mon sens, le plus intéressant sera de voir comment cette culture urbaine pourra se greffer dans la sociologie locale.  

NB: Un site intéressant d'un passionné qui suit tous les projets actuels de Phnom Penh.