samedi 2 mars 2013

Développement urbain au Gujarat

Le Gujarat (cf L'état du Gujarat: Surat, Vadodara & Ahmedabad) est un état de l'Inde qui est exemplaire d'un point de vue de la maîtrise du développement urbain. Le même modèle est appliquée aux différentes villes. Je vais tenter de l'exposer à partir de l'exemple de la ville de Vadodara pour laquelle j'ai eu un coup de cœur. 



Le développement urbain est planifié de manière à contenir l'étalement urbain et accueillir de manière harmonieuse la croissance démographique des villes (la ville voisine de Surat a multiplié par 7 sa population en 20 ans).  Ci dessus les différents plan d'urbanisme révisés tous les 10 ans et sur le site de l'agence de développement urbain.  

C'est une démarche classique de planification urbaine qui se distingue par contre des mégalopoles indiennes comme Mumbai et son développement anarchique.
Le principal problème pour les autorités urbaines dans le monde est de faire respecter ces plans d'urbanisme et de financer les infrastructures nécessaires: assainissement, adduction d'eau potable, équipements publics... C'est d'autant plus difficile dans un pays en voie de développement où les ressources financières publiques sont rares et la croissance urbaine extrêmement rapide. 

Le respect des droits à construire est complexe à mettre en œuvre  et la  question de la maîtrise foncière est un enjeu aussi bien économique que politique. Le développement urbain est source de spéculation sur la valeur des terrains et les expropriations même dans des états totalitaires comme la Chine sont politiquement sensibles. 

Le moyen d'action des autorités urbaines  du Gujarat sont les "Town Planning Schemes". Il s'agit d'un principe que je qualifierais d'astucieux et pragmatique. 

Parcelles avant découpage
Parcelles après redécoupage
L'autorité urbaine (VUDA) propose un partenariat avec les propriétaires actuels, paysans pour la plupart. L'Inde est la plus grande démocratie du monde et le respect des droits des citoyens est un enjeu important, la société civile est très présente et active. 

VUDA récupère les terrains, redéfini les parcelles, aménage les routes et infrastructures sur 40% des terrains et restitue 60 % des terrains viabilisés à chaque propriétaire. VUDA se finance sur la base de la valorisation des 40% de terrains qui lui revient et les anciens propriétaires voient leur terrains fortement appréciés financièrement de manière qui compense largement la perte de 40% de leur terrain. 

Dans les conditions de réussites: 
- il faut une puissance publique forte qui puisse faire respecter les droits à construire et porter techniquement et financièrement les travaux de viabilisation
- le redécoupage des parcelles doit permettre à chaque ancien propriétaire de récupérer des terrains à bâtir proportionnel à la surface initiale 
- le phasage des aménagements de viabilisation doit permettre de maintenir l'activité lors de la période transitoire    

VUDA nous a avoué qu'en réalité, la plupart des terrains étaient déjà en possession de personnes relativement aisées, les paysans ayant déjà vendus leurs terrains. Ces propriétaires terriens ont les reins assez solides pour attendre de récupérer les terrains viabilisés (entre 1 et 2 ans a priori). 


Ce système a permis au Gujarat d'assurer un développement urbain qui limite le développement de bidonvilles, permet d'anticiper la croissance urbaine en termes d'infrastructures et de préserver les intérêts des citoyens. Un exemple qui a vocation à être suivi en Inde.

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