dimanche 29 avril 2012

Du vote FN et de l'aménagement du territoire



Complété par un extrait un article du nouvel obs 

"Une France périphérique

Nous assistons donc bien à une migration du vote FN vers le monde périurbain et rural. Les sentiments d’abandon, d’éloignement touchent des populations, qui ne sont pas toutes en souffrance sociale, mais qui veulent se faire entendre en témoignant elles aussi de leurs difficultés.Elles vivent ou ont le sentiment de vivre un déclassement qui renforce une peur de l’avenir.

A cela s’ajoute, les conséquences de la mondialisation, avec la naissance d’une France périphérique. Une nouvelle géographie sociale des territoires se dessine dont le vote de dimanche est l’expression politique. Toute une population d’ouvriers, d’employés, de petits cadres, vit à l’écart du développement métropolitain. Ainsi les catégories les plus modestes ne résident-elles plus seulement de l’autre côté du périphérique parisien, mais de l’autre côté de la banlieue, dans les territoires périurbains."

Sur la base de ces analyses, je pense que le sous titre du monde "les villes résistent à Marine Le Pen" n'est pas très juste. En effet, c'est surtout le vote FN qui gagne les franges rurbaines pour arriver au triste record historique du score du FN. 

Une des pistes de réflexion est le lien avec l'aménagement du territoire. 

Dans les agglomérations où les collectivités locales ont pris le leadership du développement urbain, une réflexion et une action publique forte ont permis de structurer le monde urbain autour de centres villes redevenus attractifs: rénovation des espaces publics, action en faveur des transports en communs, redynamisation culturelle, travail architectural, mise à niveau des services publics.... quelques exemples dans des articles précédents: le quartier de la Chapelle ou la porte des Lilas

Quartier du Luth à Gennevilliers dans la banlieue parisienne 
Alors que les centres villes s'embourgeoisent (phénomène auquel je suis conscient de participer), les franges de la population les plus pauvres, principalement d'origine immigrée, ont été repoussées au niveau de la première périphérie. Ils vivent dans les quartiers dits sociaux ou grands ensembles marqués par une paupérisation et une dégradation rapide du cadre de vie malgré les efforts insuffisants (et désordonnés?) des urbanistes et des pouvoirs publics: délabrement, insécurité, communautarisme...


   


Cette dégradation du climat social et urbain, la flambée des prix de l'immobilier ainsi que peut être le désir toujours vivace de posséder une maison avec un petit jardin ont entraîné une migration des classes moyennes-moins vers les périphéries lointaines où les prix du foncier sont encore raisonnables. 
Ci dessus la représentation des aires urbaines (une commune est dans l'air urbaine lorsque 40% de la population active de la commune travaille dans le pôle urbain centre) qui s'étalent au fil des ans bien au delà des limites administratives des agglomérations. 


Ce phénomène est accentué par les lacunes de la politique d'aménagement du territoire où la réalité vécue des agglomérations va au delà des périmètres administratifs actuels. L'aménagement du territoire, auparavant prérogative de l'Etat, souffre du retrait progressif de ce dernier qui n'est pas encore remplacé par les Régions dont les compétences restent trop limitées.   
Le vote Marine Le Pen - premier tour des présidentielles 2012

Dans ces territoires, ces populations qui représentent le "français moyen" subissent-ils une frustration vis à vis des privilégiés des centre villes? des populations qui seraient plus aidées dans les quartiers sensibles? 

Toujours est il qu'elles se retrouvent confrontées aux externalités de leur choix d'emplacement géographiques: temps de trajets, prix de l'énergie, carence en services publics dans les espaces ruraux,...  ce qui doit surement engendrer un ressenti vis à vis du reste de la population mais surtout vis à vis des gouvernants. La carte ci dessus montre bien que le vote Marine Le Pen est le négatif de la carte des grandes agglomérations (mise à part dans le sud est mais disons que c'est un cas à part). 

Une piste de réflexion est de ré-instaurer une politique globale d'aménagement du territoire en adéquation avec les échelles métropolitaines actuelles (ce que commence à dessiner timidement les Schéma de Cohérence Territoriale) pour essayer d'atténuer les conséquences sociales des évolutions économiques de nos sociétés. En effet, les phénomènes décrits ci dessus ne sont qu'une conséquence et non une cause. 

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