dimanche 27 avril 2014

Gilles Clément et le tiers paysage

Au détour d'un zapping, je suis tombé sur une émission "Le Jardin en mouvement" qui met en avant l'approche paysagiste / artiste de Gilles Clément. Cela fait déjà longtemps que ce dernier promeut une approche décalée et rajeunie du jardin, du métier de paysagiste et de sa dimension écologique. 



Plusieurs axes forts se dégagent avec en premier lieu, la mise en avant du tiers paysage qu'il a conceptualisé à travers un manifeste du tiers paysage.  Référence au tiers état de la révolution français, il se réfère au pamphlet de Siesyes en 1789 :
«Qu'est - ce que le tiers-état ? - Tout.
Qu'a – t - il fait jusqu'à présent ? - Rien.
Qu'aspire – t – il à devenir ? - Quelque chose.»

Le tiers paysage est le pendant de tout espace aménagé, lieux plus ou moins interstitielles, délaissés ou simplement non exploités.

"La ville produit d'autant plus de délaissés que son tissu est distendu. Les délaissés du coeur des villes sont petits et rares, ceux de la périphérie sont vastes et nombreux.
"L'espace rural produit d'autant plus de délaissés – et d'ensembles primaires – que son relief est important. D'autant moins que son relief est faible."
"Les frontières du Tiers paysage sont les frontières du Jardin planétaire, limites de la biosphère."
Le tiers paysage fait référence à l'infiniment petit comme l'infiniment grands au sein de la biosphère planétaire. Ces paysages, comme les autres d'ailleurs, sont propices à l'évolution, au développement  non comme accumulation mais comme évolution dans laquelle l'homme intervient qu'il le veuille ou non.

"La flore des délaissés n'est pas exclusive de son cortège naturel indigène. Elle accueille possiblement toutes les flores exotiques pionnières compatibles avec le milieu (biome)"


Il ne s'agit pas "d'aller contre d'aller avec". "Le Tiers paysage, territoire électif de la diversité, donc de l'évolution, favorise l'invention, s'oppose à l'accumulation"

L'enjeu est de profiter des opportunités qui se créent ex nihilo pour orienter le jardin dans un sens ou dans l'autre. A l'opposé de l'approche de la révolution industrielle qui se voulait une domination de la nature. Il s'agit aussi alors de ne pas uniformiser les pratiques mais d'encourager les pratiques ad hoc de jardinage et de paysagisme.


"L'accroissement du nombre humain – la couverture planétaire – ne coïncide pas avec un accroissement du nombre des comportements humains. L'effet du brassage culturel se traduit par une diminution des offres de comportement."

En ce sens, "Les enjeux propres du Tiers paysage se placent au – dessus (ou au – delà) des enjeux territoriaux " car ils s'inscrivent dans la biosphère mondiale. Par définition, le tiers paysage ne s'inscrit pas dans une approche cadrée du jardin mais "Le délaissement du Tiers paysage par l'institution ne modifie pas son devenir, il l'entretient".

Dans les exemples donnés, un jardin près de Nantes où les étudiants reconfigurent les les cheminements en fonction de la localisation des orchidées qui changent tous les ans. Le travail de paysagiste passe par une connaissance approfondie du terrain concerné. 



Autre exemple, le jardin du tiers paysage à Saint Nazaire réalisé dans le cadre de la biennale d'art contemporain "Estuaire 2009" sur les toits de la base sous marine ou encore le jardin matisse à Lille.

Difficile de résumé ici les autres concepts et les réalisations, aller voir sur le site pour sa parcours ou ses réalisations que je qualifierais de poétiques. 

Ce que je retiens aussi c'est la déclinaison au niveau de notre économie "l'homme symbiotique" ou l'appel à concevoir notre environnement: objets, infrastructures,... qui peuvent se recycler à l'opposé de l'économie basée du l'utilisation et l'épuisement des ressources naturelles de notre biosphère. Ainsi à l'image du tiers paysage, nous pouvons assumer notre évolution sans réelle fin, adapter notre environnement au monde qui change, aux évolutions de la pensée, de la technique et de nos modes de vies. A ce stade, je dirais que la seule équation quasi impossible à résoudre est celle de l'énergie, le recyclage passe par la conception même des objets mais aussi par l'utilisation de l'énergie que nous n'arrivons pas encore à avoir renouvelable pour une part significative.


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