samedi 26 septembre 2015

Le Rhizome



« Le nouveau système pourrait être nommé rhizome. 

N’importe quel point d’un rhizome peut être connecté avec n’importe quel autre, et doit l’être. 

C’est très différent de l’arbre ou de la racine qui fixent un point, un ordre. 

Nous sommes fatigués de l’arbre.  

Nous ne devons plus croire aux arbres, aux racines ni aux radicelles, nous en avons trop souffert. » (...)

« Le rhizome ne se laisse ramener ni à l’Un ni au multiple. Il n’est pas fait d’unités, mais de dimensions, ou plutôt de directions mouvantes. 

Il n’a pas de commencement ni de fin, mais toujours un milieu, par lequel il pousse et déborde. 

À l’opposé d’une structure qui se définit par un ensemble de points et de positions, le rhizome n’est fait que de lignes. » (...) 

"Mille Plateaux" (1980) - G. Deleuze - F. Guattari
J'ai trouvé cet extrait dans le toujours excellent blog transit city. J'avoue ne pas avoir lu le livre mais je suis frappé par la puissance prospective de ce manifeste de 1980 (quand les citoyens pensaient encore changer le monde en votant Mitterrand...). 

La terre vu du ciel où le rhizome humain
J'y retrouve mon propre cheminement intellectuel et mes convictions politiques (peut être parce que je suis né en 1979) mais surtout une conceptualisation claire du monde tel qu'il émerge aujourd’hui. Ce monde que Michel Serres nous aide (petite poucette) ou ci dessous encore un extrait via transit city de son dernier livre "le gaucher boiteux"

(…) « L’ancien monde était construit de murs. Murs, villes et ports, asiles de morts …  
Ces murailles concentrées contenaient cent concentrations : de femmes et d’hommes, fermes ou villes; de grains, silos et greniers; de vins, caves et celliers; malades, cliniques et hôpitaux ; de voyageurs, hôtels et caravansérails ; d’argent, tirelire, banques, trésor, capitaux ; d’eau, barrages et carafes ; d’étudiants, de professeurs, écoles maternelles et universités ; de condamnés, prisions  de livres, libraire, bibliothèques ; d’électricité, piles et les biens nommés accumulateurs … 
J’arrête cette liste, nous ne connaissons que des boîtes» (…) 
(…) « Nous n’avons jamais cesser de cristalliser les flux, de transformer une foule éparse en dix institutions ; nous n’avons jamais cessé de capitaliser, de transformer la cueillette en champ de blé, la chasse en basse-cour, écurie et grange, la rivière en biefs et barrages, le ciment et le sable en muraille, en classes rangées les jeux d’enfants, l’amour en mariage, la foule enfin en villes, armées, tribunaux, prisons et royaumes. » (…) 
(…) « Notre société va ressembler à un tourbillon de flux : envoyés, passagers dans les gares et les aéroports, informations, données subtiles, monnaie volatiles … » (…) 
(…) « Jadis et naguère, nous vivions concentrés ; nous existons distribués désormais, comme flux parmi les flux, alors que nous vivions encaqués dans des boîtes … 
Il n’y a plus de boîte, il n’y a plus de caque, il n’y a plus de mur. 
Un maire ou un ministre inauguraient des bâtiments ; il n’y a plus de bâtiments, il n’y aura plus de maire ou de ministre. » (…) 
(…) Formés à la dureté, nous trouvons aujourd’hui difficile, parmi la fluidité sociale, d’imaginer des institutions, une organisation sociale adaptées à l’âge doux. (…)
Michel SERRES - « Le Gaucher boiteux » - ed. Le Pommier







 

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