mercredi 23 février 2011

Des échelles de temps dans les politiques publiques

Dans une tribune du journal le monde du mardi 22 février, les diplomates expriment leur inquiétude et leur indignation vis à vis de la conduite de la politique étrangère française - La Tribune du Groupe Marly.

"Impulsivité ? L'Union pour la Méditerranée, lancée sans préparation malgré les mises en garde du Quai d'Orsay qui souhaitait modifier l'objectif et la méthode, est sinistrée.

Amateurisme ? En confiant au ministère de l'écologie la préparation de la conférence de Copenhague sur le changement climatique, nous avons abouti à l'impuissance de la France et de l'Europe et à un échec cuisant.

Préoccupations médiatiques ? La tension actuelle avec le Mexique résulte de l'exposition publique d'un dossier qui, par sa nature, devait être traité dans la discrétion.

Manque de cohérence ? Notre politique au Moyen-Orient est devenue illisible, s'enferre dans des impasses et renforce les cartes de la Syrie. Dans le même temps, nos priorités évidentes sont délaissées. Il en est ainsi de l'Afrique francophone, négligée politiquement et désormais sevrée de toute aide bilatérale."

Au delà du cri d'alarme légitime des diplomates français, ce nouvel avatar est édifiant sur la tendance de fond qui met en avant le court terme médiatique et/ou politique contre les politiques de moyen/long terme induisant une incohérence pattente des politiques. Cela s'applique aussi bien à la diplomatie qu'aux autres domaines de l'action publique. Les exemples sont multiples à tel point que cela devient la norme. Nous pourrons citer la justice où chaque année une nouvelle loi liée à un fait divers est votée mais je ne suis pas juge en la matière.

Par contre, dans d'autres domaines que je connais bien, l'organisation des services de l'Etat et de la décentralisation est aujourd'hui un vaste cafouillage autour duquel plus personne ne sait à quoi s'en tenir. Comment faire passer une réforme telle que la suppression de la taxe professionnelle sans avoir étudier et analyser les impacts que cela pouvait avoir sur les finances des collectivités territoriales? 

Dans le domaine des transports publics, en 2005 l'Etat de Raffarin et Chirac supprime les subventions au projet d'infrastructure avant que l'Etat de Sarkozy ne fasse semblant de les faire revenir sous les traits du Grenelle. Les aléas politiques et les revirements n'ont pas dupés grand monde quand l'enveloppe financière prévue est passée de 800 millions d'euros à 300 millions d'euros par fait du prince. La conception et la réalisation d'infrastructure nécessite par leur temps inhérent de réalisation (minimum 10 ans) de garder un cap. Il en est de même par exemple pour la formation ou les questions sociales générationnelles comme les retraites.

L'exemple du Grand Paris est également édifiant. Quand un Président de la République Française dans son discours promet la réalisation de 200 km de métro d'ici 2012 pour faire un coup médiatique et un coup politique sachant pertinemment que cela est une vaste supercherie, il est difficile par la suite de donner du crédit aux décisions proclamées. 
Mouvement de fond français que ce soit au niveau de l'éducation, de la politique économique, de la politique agricole... il en résulte un discrédit du personnel qui nous gouverne aussi bien au niveau global que national ou local (dans un autre article j'évoquerais les errements des politiques en matière de transports publics dans le bassin minier de Lens et Béthune). Si le jeu médiatique fait parti aujourd'hui de la donne et peut être aussi de la démocratie, nous nous préparons des lendemains qui déchantent car les effets du court termisme ont des répercussions eux sur le long terme. Il est probable que nous vivions demain de manière brutale les errements actuels au même titre que nous subissons les séquelles de certaines politiques désastreuses des trentes glorieuses à travers la ghettoisation des grands ensembles de la périphérie de nos villes. 

mercredi 16 février 2011

Archi 1024 - Abies-Electronicus (aka XMAS tree)


Subtil et versatile, le collectif Archi 1024 explore encore de nouvel univers. Changement d'échelle après le spectacle plus intimiste Euphorie qui m'a transporté dans des univers parallèles, en particulier avec le fameux néon basse, 



 

Ils nous offrent une installation majestueuse et incongrue. Abies-Electronicus (aka XMAS Tree), structure temporaire, polymorphe et polychromique à Gubwiller en Alsace. La structure est acessible pour rejoindre un belvédère sur la ville. Allez le sur le lien, il y a une vidéo.


  


  


dimanche 13 février 2011

Moment Jazz - The Bad Plus

Très bon moment de jazz au New Morning ce jeudi avec The Bad Plus. Structure contrebasse, batterie et piano dans la veine de EST en plus fin à mon sens. ça part dans tous les sens avec des musiciens hors pairs, les 2 sets ont été comme un beau voyage avec en particulier un batteur showman et un solo de contrebasse d'anthologie, à conseiller en concert, je me lance dans la découverte de l'album studio mais de prime abord, ça tombe un peu à plat. 

vendredi 11 février 2011

Hommage II au peuple de de la place Tarhir






Hommage au peuple égyptien pour avoir fait vaciller le régime sclérosé de Moubarak à frites. L'huile était rance. L'histoire nous a montré par contre qu'aucune révolution n'a été menée par l'armée, courage au peuple égyptien pour poursuivre la marche vers une société juste, libre et démocratique. 

jeudi 10 février 2011

Et si Didier Super était l'incarnation du Christ?



 
Une belle interview ce matin dans la 20 minutes (dsl)

Didier Super Le chanteur déconne avec la comédie musicale

Pourquoi ce titre, « Et si Didier Super était la réincarnation
de Jésus-Christ ? »
 
Je voulais un truc qui pète, et « Ma voisine ne suce pas que de la glace » était déjà pris. J'ai mis Jésus parce que ça fait gueuler une copine à ma mère intégriste.

Le thème du spectacle ?
Un chanteur engagé ne trouve plus de raisons de se plaindre. C'est une pièce de théâtre à la con, avec des chansons dedans.

Vous êtes un chanteur engagé ?
J'aurais voulu aller à Charlety, sou­tenir Ségolène Royal. Ils m'ont dit : « Non, pas toi ! » Mais je m'en fous.

L'actualité vous met-elle parfois en colère ?
Non, je suis bien dans ma peau.

Vous vous êtes plaint de vos fans…
Quand on prend mes chansons au premier degré, ça me saoule !
Qui est vraiment Didier Super ?
Juste une pute raciste et antisémite qui n'a jamais réussi à se taper une meuf.

mardi 1 février 2011

Grand Paris - Des dogmes et de la vision urbaine


Dans les bons points de l'accord, la boucle d'en bas Orly Saclay Versailles a été mise de côté. La Région et l'Etat ont acté leur désaccord.Il s'agit en effet d'une liaison permettant de relier des emplois à des emplois, il ne faut pas être un grand planificateur des transports pour comprendre que ça ne concerne pas grand monde (de manière générale, on se déplace entre son domicile, son emploi, ses loisirs).

Pour le reste, je suis sceptique sur l'arc qui dessert Clichy Montfermeil. Certe cette ville a un besoin criant de transport mais il n'en demeure pas moins que cette nouvelle desserte ne permet de relier ce secteur aux polarités urbaines dont Paris. On pourrait considérer que le projet tel que retenu permet aux banlieusards du quart nord ouest de se déplacer vers .... d'autres banlieues qui sont des centres d'emplois secondaires: équité réelle?

Ci dessus une cartographie intéressante issu d'un document du STIF du 08/12/2010 dans le cadre du débat pour contrer le projet de l'Etat. On constate (au delà des débats d'expert entre la RATP et le STIF sur les hypothèses permettant de réaliser les prévisions de trafic) qu'il est proposé le même système de transport pour des flux dimensionnant très différents: 30 000 Passager par Heure et Par Direction (PPHPD) sur la ligne rouge au sud est et seulement 6 000 PPHPD au nord ouest sur la même ligne. Il y a derrière cela des enjeux techniques d'envergure: surdimensionnement de certains tronçons, nécessité de concevoir un métro extrêmement rapide pour être efficace,...

Cela pose la question de l'efficience économique de l'investissement public. La grande boucle proposée par Christian Blanc n'étant rien d'autre qu'un dogme imposé sans aucune argumentation technique. Si il est légitime pour le politique de fixer des orientations et de faire des choix, les montants concernés qui concernent des milliards d'€, la justification des projets se doit d'être transparente.

Mon avis personnel (que je partage avec moi même) est que le Grand Paris est le sens de l'histoire. Dans les différentes visions, il y a eu le projet de créer des villes satellites (les villes nouvelles), loin des centres qui auraient vocation à devenir des centres urbains quasi "auto- porteurs". Il en est ressorti des problèmes de gouvernance sans fin et une balkanisation des collectivités locales rendant impossibles les projets d'envergure transcommunaux. La ville de Paris intra muros a été une des seules à porter au niveau local sans l'intervention de l'Etat des projets majeurs structurants. Le foncier étant limité, les opportunités de projet se réduisent à peau de chagrin et la ville de Paris en est réduite à couvrir des voies ferrées pour porter ses projets.

A l'image des grandes villes comme New York ou le Grand Londres, je milite, un peu seul d'ailleurs, pour avoir une approche d'agglomération centrale avec un centre urbain élargit (Paris et la première couronne par exemple). 

L'enjeu étant de pouvoir avoir une gouvernance urbaine commune pour l'ensemble du territoire dense de l'agglomération parisienne et ainsi redonner de la cohérence d'ensemble dont Paris et sa proche banlieue manque cruellement. 
Il est intéressant de voir à quel point on a l'impression de changer d'univers en passant le périphérique ou en passant d'une commune à l'autre en proche couronne.
Il est à noter que c'est à contre courant de la position de la Région Ile de France, ce qui m'a valu de me faire traiter de Sarkozyste mais je suis intimement persuadé que l'échelle régionale est trop vaste pour porter une vision urbaine. Les distances à parcourir ne sont pas à une échelle d'un habitant urbain. L'échelle régionale est par contre une échelle intéressante en termes d'organisation des transports.
 
La condition sine qua non au développement de cette agglomération centre est la densification du réseau de transports en commun lourd au delà du périphérique pour se rapprocher de la densité de métro de Paris intra muros à l'échelle de l'agglomération centrale, d'où l'intérêt des tracés de rocade de métro en proche couronne. Une fois assurée l'accessibilité simple et rapide à tous les points du territoire, le développement urbain et la densification suivent.  

Les avantages induits sont multiples: 
- démultiplication du foncier disponible et par là des opportunités de projets ainsi que la baisse  de la pression sur les prix de l'immobilier dans Paris Inta Muros
- promotion de la ville dense, modèle urbain écologique dont je me réclame
- gommage progressif de la coupure urbaine et sociale que constitue le périphérique
- déghotteisation des quartiers défavorisés de la première couronne
- développement de l'habitat en lien avec le réseau de transport en commun permettant de faire baisser significativement la part modale de la voiture particulière
- rapprochement de facto des banlieues éloignées de la zone dense  

Malheureusement ou heureusement, personne ne m'a demandé mon avis, à la fois, il ne faut surtout pas laisser le pouvoir aux ingénieurs, encore moins aux urbanistes, alors les ingénieurs urbanistes...

Ce qui est certain c'est que les décisions et orientations prises sont plus teintées de politique polticienne que d'un débat réel sur le devenir de l'agglomération parisienne (à voir comment ont été traité  les contributions des architectes du Grand Pari). Le pouvoir aux énarques n'est peut être pas la meilleure des solutions non plus.