jeudi 7 janvier 2016

Economie Sociale et Solidaire vs Economie collaborative - La révolution numérique et la notion de service public



 
Une réflexion intéressante de Hugues Sibille, président du Labo de l’économie sociale et solidaire, sur la nuance fondamentale entre "économie collaborative" aujourd'hui accaparée par des prédateurs dont la raison d’être est le profit et l'économie sociale et solidaire dont l'essence est de créer de l'activité économique au service des citoyens et non du capital. 

Si l'économie collaborative s'appuie sur une "communauté", cette dernière n'a aucun pouvoir sur l'entreprise qui "intermédie" dont la seule vocation est le profit "La finalité de Blablacar, c’est de gagner de l’argent, le plus vite possible, pour répondre aux attentes des investisseurs." 

Il est intéressant d'ailleurs de voir que toutes ces entreprises Airbnb, Uber ou pire facebook ont développée une rhétorique bien huilée sur leur penchant humaniste pour "rendre le monde meilleur" (je vous conseille d'ailleurs vivement la série Silicon Valley qui se moque allègrement des grands gourous de la Silicon Valley et de leur pitchs formatés). 

Pour m'intéresser de très près depuis quelques temps aux révolutions qu'engendre le numérique, je suis toujours frappé de la fascination actuelle autour des "grands comptes". Des enjeux financiers et du statut d'entrepreneur comme pierre angulaire, aussi bien à petite échelle (les chauffeurs uber sont des autoentrepreneurs) que les start up de la silicon valley. Surement un héritage de l'ambivalence des origines du net développé dans un précédent article dont l'un des fondements en plus des militaires et des universitaires est le mouvement libertarien américain en opposition à l'Etat central et à une trop forte régulation.

A l'instar d'Hugues Sibille, je milite pour une approche sociale et solidaire de la révolution numérique sur le modèle de wikipedia qui reste pour moi la plus belle utopie devenu réalité. 
"C’est maintenant qu’il faut réagir. Il faut essayer d’entreprendre, avec les principes de l’économie sociale et solidaire, dans des secteurs comme la santé, l’éducation, la culture où le principe d’intérêt général est très fort.
Être capable de faire une offre avec le métier de la plateforme et des principes coopératifs. Que les membres soient une communauté beaucoup plus engagée dans le projet de l’entreprise. (...)
L’économie sociale et solidaire devrait avoir une approche différente de la gestion des données, davantage open source, plus proche des biens communs pour respecter ses principes."

Un des manques que nous devons combler à mon sens est de penser la révolution numérique sous l'angle de la notion de service public. J'ai été cité sur twitter "le service public du 21ème siècle, c'est peut être un agrégateur de communs.." où comment l'open source et l'open data peuvent nous permettre d'avancer ensemble à des échelles jusque là jamais atteintes. 

A titre d'illustration, lors du budget participatif de la ville de Paris, j'avais proposé un projet, in fine pas retenu de réseau social citoyen. Je pense en effet que les réseaux sociaux sont un outil magnifique de mise en relation d'information et de partage. Mais le fait que le modèle économique de Facebook, Twitter ou Google soit de monnayer les données personnelles fournies comme des victimes volontaires que nous sommes devenus me gêne profondément. Réflexe de riche surement mais j'abhorre la publicité et l'immersion dans ma vie privée des géants du net même si je suis un des premiers utilisateurs, les services de google par exemple étant d'une performance inégalée en plus d'être gratuits... 

Une fois que tout cela est dit, je n'ai pas la réponse aujourd'hui pour égaler la puissance de frappe des géants de la Silicon Valley ou l'agilité des entrepreneurs de start up. A minima, posons le débat qui est désespérément absent. J'embraye sur mon idée de réseau social, est ce que demain, nous pourrions avoir une adresse mail fournie par l'ONU, un modèle d'applications autour de l'open source, le développement des API ouverte des administrations et autres fous géniaux développeurs dans leur coin. Un exemple intéressant, le seul que j'ai vu aujourd'hui en France, est la fabrique des mobilités pilotée par l'ADEME qui est une nouvelle manière de penser l'intervention publique à l'aune de la révolution numérique. L'idée est de penser une institution parapublique comme catalyseur mettant à disposition les "communs" entre acteurs afin d'élaborer un éco système où chacun pourrait se concentrer sur sa valeur ajoutée et mettre en commun le reste.

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