dimanche 3 février 2013

Bombay Mumbai

New Bridge
Je retrouve le chaos que l'on m'avait décrit lorsque l'on me parler des mégalopoles indiennes. 



Mumbai, autrefois appelée Bombay est une mégalopole 22 millions d'habitants qui a connu une croissance exponentielle:  

  • En 1950 2,8 millions d'habitants

  • En 1970 5,6 millions d'habitants
  • En 1990 12,0 millions d'habitants
  • En 2000 17,1 millions d'habitants
  • En 2011 21,0 millions d'habitants

  • Capitale économique de l'Inde. La ville s'est développée sur une presqu'ile à l'image de Manhattan, les infrastructures performantes en moins. 



    Victoria Station
    Hall du siège des Chemins de Fer Indiens
    Central Station
    La ville historique ressemble à un vaste bouchon avec une effervescence dans la rue, mêlant petits commerces, femmes aux saris chatoyants, femmes voilées à la mode burqa, immeubles défraîchis et pollution opaque.




     

    Le reste de la ville est assez indescriptible, on ressent un développement anarchique et des lacunes de planification urbaine. 53% des habitants habitent dans des bidonvilles qui sont résorbés au fur et à mesure. Apparemment les autorités donnent des droits à construire en lieu et place des bidonvilles à la condition de création d'habitats sociaux à destination des plus démunis (ce qui développe une économie de petit service). La circulation est tout simplement cauchemardesque et les temps de parcours à rallonge sont intégrés dans le planning. Deux lignes de métro sont en construction mais la difficulté semble surtout de trouver du terrain disponible pour construire, nous avons pu apercevoir un viaduc en construction pour le métro à une hauteur que je n'avais jamais vu (au moins au niveau du 5 ou 6 ème étage).

    Circulation et pollution
    Très bonne surprise, je trouve le réseau de train de banlieue plutôt performant est relativement moderne par rapport aux standards que j'imaginais.  

    C'est (très) tassé aux heures de pointes et impressionnant car les portes restent ouvertes mais les trains sont relativement propres et passent toutes les 3 minutes. Il y a des wagons réservés pour les femmes et deux classes de confort. De manière générale, tous les services présentent un niveau de service très différencié en fonction des niveaux sociaux auxquels ils s'adressent.

    Le plus compliqué est de loin, sont les montées descentes. Les portes restent ouvertes de chaque côté tout le long du trajet et le quai change de côté presque à chaque station, il faut bien s'accrocher pour ne pas être éjecté sur la voie, il y a 4000 morts par an sur le réseau. Disons que ce ne serait pas acceptable dans un autre pays que l'Inde en termes de sécurité.  





    samedi 2 février 2013

    Les femmes Indiennes

     
     
     
    Les évènements récents sur le sort des femmes ont l'air d'avoir marqué les esprits. Je remarques une sous représentation des femmes dans le métro où elles ont des wagons réservés.

    New Delhi

    Premier aperçu très circonscrit de New Delhi. Nous sommes dans le quartier plus ou moins chic avec des avenues très larges et arborées. C'est difficile de trouver des échoppes qui donnent sur la rue et je trouve que les restaurants sont relativement rares. Pas encore vu vraiment de marché ou ce qui pourrait faire office, les habitudes de vie ont l'air différentes.



    Le métro est flambant neuf, propre et efficace. Le plus surprenant sont les contrôles de sécurité à l'entrée à travers un portique et un scan au rayon pour les sacs, aux heures de pointe ça coince. On voit aussi que cela n'a pas été conçu à l'origine, on voit des militaires avec leur arme derrière des tas de sacs de sables dans les couloirs. La peur des attentats à l'air très présente, je ne me rends pas compte de la réalité des choses. La circulation est presque acceptable mais il règne un brouillard persistant qui enveloppe la ville. Quelques jours plus tard alerte à la pollution (voir )


    Pour sortir, nous avons fait un tour dans un très petit quartier étonnant, Hauz Khas Village. petit village phagocyté par la très grande New Delhi, il s'agit d'un quartier branché champignon qui a vu s'empiler des immeubles sur des immeubles dans un enchevêtrement assez indescriptible formant un ensemble assez bizarroïde.

    Les dédales de ruelles en 3 dimensions

    Le café zéro au 4 ème étage d'un immeuble
    A l'intérieur de ce dédale, les restaurants, bars et autres boutiques bobos apparaissent et disparaissent en quelques mois, il faut passer dans un couloir sombre, monter 4 étages pour trouver une terrasse de restaurant. L'espace public est plus que chaotique et les chantiers jouxtent les terrains vagues. C'est très surprenant et c'est apparemment le lieu de sortie de la jeunesse aisée et des indiens occidentalisés en quête de sorties.

    dimanche 27 janvier 2013

    Move foward India



    Objet de beaucoup de fantasmes, je me lance dans un périple professionnel qui devrait me mener de New Delhi à Mumbai, Surat, Vadodara et Ahmedabad et re New Delhi. 


    La suite à venir donc.... En attendant, fait rassurant, il y a aussi des biquettes.





     

    samedi 12 janvier 2013

    Petite Poucette de Michel Serres


    C'est un peu triste à mon gout mais ce sont nos "vieux" penseurs qui m'apportent le plus de fraîcheur intellectuelle. 
    A l'instar de Stéphane Hessel, Michel Serres nous livre un opus aussi bref que rafraîchissant qui décode et exprime l'évolution l'évolution des individus, de leur perception du monde, de la notion de connaissance et de savoir. Ci dessous, une interprétation, toute personnelle, de petite poucette dont je me sens proche.


    1. Petite poucette

    Michel Serres appelle Petite Poucette la jeune fille assise au premier rang des amphithéâtres tapotant avec ses pouces sur son smartphone, ouverte sur le monde via l'effet amplificateur des nouvelles technologies.  Dans un contexte où la démographie, les techniques et les conditions de vie ont évolué plus rapidement que jamais dans l'histoire de l'humanité, "Il ou Elle n'a plus le même corps, la même espérance de vie, ne communique plus de la même façon, ne perçoit plus le même monde, ne vit plus dans la même nature, n'habite plus le même espace." "Il ou elle connaît autrement".   

    Mieux encore, Michel Serres nous suggère que de jadis jusqu'à naguère, "nous vivions d'appartenance" (femmes, hommes, d'une région, d'une religion, d'un parti ou d'un d'une commune).  "Par voyages, images, Toile et guerres abominables, ces collectifs ont à peu près tous explosé. (...) On dit partout mortes les idéologies: ce sont les appartenances qu'elles recrutaient qui sont mortes". 

    Il est intéressant d'ailleurs de noter que des personnes, dont je ne suis pas, nous expliquent aujourd'hui que cette vision d'un citoyen du monde est une illusion et que la nature humaine est profondément grégaire. Ce qui explique la remontée des nationalismes et des religions par "besoin" d'appartenance. 

    Personnellement, je n'opposerais pas ces notions, les appartenances étant simplement aujourd'hui plus multiples et interpénétrées et ne s'excluent pas les unes les autres mais ont vocation à s'enrichir et s'alimenter mutuellement. 

    Dans tous les cas, nos systèmes politiques et institutionnels en place n'ont pas vu ce changement et restent calqués sur ces vieux schémas. 

     "Je vois nos institutions luire d'un éclat semblable à celui des constellations dont les astronomes nous apprennent qu'elles ont déjà mortes depuis longtemps déjà."  

    Cette analyse lucide est venu me conforter dans mon sentiment que notre démocratie représentative et tous ses corollaires: parties politiques, syndicats,... est une institution qui est morte. Ce qui explique à mon avis la défiance croissante entre les gouvernants et les peuples et le manque de confiance chronique dans nos dirigeants. Mais aussi la fin de croyance en l'homme providentiel, une conscience politique et citoyenne très forte mais qui ne rentre plus dans les schémas classiques du parti politique discipliné et soumis à une doctrine. C'est un rejet des chapelles de pensée et une autonomisation des consciences qui pensant par elle même ne veulent plus suivre aveuglément des mouvements dont on voit aujourd'hui que les fins mène à des impasses intellectuelles. 



    2. L'école

    Sur l'éducation et la notion de savoir, Michel Serres évoque la modification en profondeur du rapport professeur/élève et de la forme du savoir et de la connaissance. La connaissance est accessible à tous, tout de suite. "Nul n'a plus besoin de retenir la place (d'un ouvrage) dans une librairie, un moteur de recherche est là pour ça". Il est simple de pouvoir télécharger les cours de tous les grandes universités, les cours du prestigieux MIT sont accessibles à tous. C'est un défi pour l'enseignant qui doit s'extraire de la transmission verticale pour aller vers un "symétrisation" de l'échange et une transmission du savoir horizontale. 

    Cette notion n'est pas neuve et mes connaissances enseignantes qui ont aimé profondément leur métier m'ont toujours expliqué que le plaisir intrinsèque à la pédagogie était justement que les élèves ont une propension unique à encourager la remise en question de ses propres convictions et certitudes. C'est toujours bien de se le rappeler et surtout de tordre le coup aux discours lénifiant de "c'était mieux avant", lorsque le principe de base était de faire rentrer à coups de marteaux une connaissance figée dans  la tête des élèves soumis.   

    Il plaide également pour transcender l'ère de la "page", issue de l'imprimerie, par définition finie et rigide qui "nous domine et nous conduit". Les nouvelles technologies nous permettent d'élaborer des formes de savoir beaucoup plus évolutifs, en mouvement, qui peuvent s'extraire du cadre de la "page" imprimée. Cette évolution, dont le parangon serait Wikipedia, extrait la connaissance des bibliothèques construites par des sachant pour aller vers une élaboration commune, symétriquement partagée et accessible à tous. Cela ne réduit pas le rôle des professeurs et des intellectuels au contraire qui peuvent se confronter à tous et recevoir autant qu'ils pourront donner. C'est moins confortable mais tellement plus riche en termes d'approche.

    J'ai entendu par ailleurs une analyse que j'ai trouvé assez pertinente et qui compare la notion de savoir de notre époque à travers les wikipedia ou autre à la transmission du savoir pré imprimerie ou les copistes faisaient évoluer le contenu des ouvrages au fil des copies. ça se discute mais sur le fond, je trouve ça plus stimulant, nous sommes tous des copistes qui digérons et restitue un savoir enrichi. 


     3. La société
    Résultante de ce constat, petite poucette est profondément indépendante mais ouverte sur le monde et sur les autres. Aux accusations d'individualisme, elle rétorque que c'est le lien social qui est valorisé à travers les nouvelles technologies et les réseaux sociaux. Que l'individualisme de nos sociétés actuelles n'est que le fruit de ce qui a été produit par la génération précédente. 
    Un nouvel individu se créé, ni mieux, ni moins bien que ses aïeux mais qui évoluent sous le regard réprobateurs de ses aînés qui ne le comprennent pas. 

    La petite poucette n'appréhende plus les choses de la même manière. "Le partage symétrise l'enseignement, les soins, le travail: l'écoute accompagne le discours; le retournement du vieil iceberg favorise une circulation à double entente. Le collectif, dont le caractère virtuel se cachait, peureux (...) laisse la place au connectif, virtuel vraiment."
    A cela les institutions restent sourdes, dans notre société occidentale, "toutes les conditions réunies pour un printemps occidental... sauf que les pouvoirs qui s'y opposent n'utilisent plus ici la force mais la drogue". "La société du spectacle transforme la lutte, dure jadis et ailleurs par barricades et cadavres, en une désintoxication héroïque qui nous purgerait des somnifères distribués par tant de dispensateurs d'hébétude..."
    Comme préalable à une évolution de nos institutions et un travail sur les propositions alternatives, je me retrouve dans cette sentence. 

    Ma lutte aujourd'hui est de rester éveillé, de ne pas me laisser berner au risque de passer pour un cynique. C'est ce que j'ai compris du mouvement des indignés dont je me sens affilié. 

    Aux accusations de manque de force de proposition, ils répondent qu'ils n'ont pas réponse mais qu'ils comprennent ce qui est à l’œuvre en trame de fond et qu'ils le rejettent en bloc car cela ne leur correspond pas. A défaut de savoir ce que l'on veut, nous savons ce que nous ne voulons pas. C'est une étape nécessaire à toute refondation à mon sens, en effet, le système étant pervers dans son état actuel, nous sommes obligés de nous plier à des institutions qui pervertissent toute forme d'action. J'en veux pour preuve les désillusions à la chaîne sur le rôle du politique en France et dans le monde. 

    Avant de rentrer dans la phase de proposition, il faut faire le constat que nous vivons la complexité, qu'elle "ne disparaisse  pas! Elle croît et croîtra parce que chacun profite du confort et de la liberté qu'elle procure. Elle caractérise la démocratie". L'histoire de la science nous montre qu'il est possible d'utiliser ces dernières pour modifier notre perception du monde. Les nouvelles technologies peuvent nous permettre de construire et vivre cette complexité, elle ajoute une dimension supplémentaire à nos sociétés. 

    "Petite poucette - individu, client, citoyen - laissera-t-elle indéfiniment l’État, les banques, les grands magasins,... ses données propres. (...) Il peut en résulter un regroupement des partages socio économiques par l'avènement d'un cinquième pouvoir, celui des données, indépendant des quatre autres, législatif, exécutif, judiciaire et médiatique". "Petit poucet code (...) l'anomymat" et maîtrise son individualité. 

    Petite poucette et petit poucet sentent sur leurs épaules la responsabilité générationnelle de faire évoluer les modèles de sociétés mais ils ont besoin d'aide car ils ont compris que le chemin devant eux ne passe pas par l'opposition des uns contre les autres mais d'une co construction, faite d'échanges et de réciprocité: entre les générations, entre les cultures, entre les territoires, entre les classes, entre les religions...