mercredi 30 octobre 2013

Recul sur l'écotaxe - bof....

  •  Pessimisme autour de l'oubli complet de la préoccupation environnemental



J'étais déjà assez déprimé par le recul de l'environnement dans la préoccupations politiques de tous bords. Lors de la dernière élection présidentielle, la question environnementale s'est réduite à une négociation ridicule autour du nombre de centrales nucléaires à fermer.  

L'abandon de l'écotaxe est une désillusion supplémentaire. Dernier avatar d'un enterrement à petit feu du Grenelle de l'environnement, moment d'intelligence collective que l'on espérait transpartisane. La majorité actuelle finit le travail de détricotage déjà bien amorcé par la majorité précédente.

Étonnant d'ailleurs, que le gouvernement soit aussi inflexible sur les sujets comme l'aéroport Notre Dame des Landes et s'agenouille devant le lobby agro alimentaire breton (on est quand même loin de la puissance de frappe du lobby militaro industriel américain...). 

  • Pour un nouveau modèle de développement

Je m'inscris à la suite des personnes qui pensent que cette écotaxe est un mal nécessaire pour faire évoluer le modèle de développement économique suicidaire basé sur le transport routier et le faire évoluer vers un modèle plus responsable avec comme axes de réflexion: 
- la relocalisation des activités de transformations au plus près des lieux de production et l'encouragement des circuits courts. 
- la réflexion sur les modes de transports plus respectueux de l'environnement. Tout le monde est pour le fret ferroviaire mais toutes les politiques actuelles des différents acteurs vont vers une impasse économique de ce secteur.   

Favorisons la circulation de l’intelligence collective plutôt que celle des marchandises. 


Si je me place sur le plan de la théorie économique en vigueur actuellement, les agents économiques sont réputés (presque) rationnels.  Le jour où l'on fera payer le coût réel du transport, c'est à dire, internaliser le cout des externalités négatives (pollution locale et atmosphérique, impact sur l'aménagement du territoire, impact sur la consommation des terres...), alors les acteurs économiques basculeront naturellement vers des solutions plus respectueuses de l'environnement. Aujourd'hui, les crevettes consommées en Norvège sont pêchées en Norvège, envoyées au Maroc pour être dépiautées et réexpédiées en Norvège. Je ne sais pas si je suis le seul à trouver ça absurde. 

Si je me place sur le plan idéologique sur lequel je suis plus confortable, la proposition ci dessus reste à mon avis un cache sexe sur le fonctionnement vicié du capitalisme. J'invoquerais la nécessité d'imposer, par consentement collectif, des nouvelles règles permettant de faire émerger des solutions alternatives. 

La croissance du transport routier est néfaste pour l'environnement, prenons des mesures coercitives. Je prends comme exemple la loi handicap de 2005, elle invoque le fait que tous les bâtiments, services, transports doivent être accessibles aux personnes à mobilité réduite. Pour travailler dans les transports publics, ce n'est pas sans contraintes et surtout surcout financier. 
Néanmoins, nous avons décidé collectivement que l'on ne pouvait pas laisser une part significative de la population à l'écart quel qu’en soit le prix. La question ne se pose plus, comme celle que tuer un homme qui est prohibé par la loi. Je sais, ce n'est pas pragmatique, mais soyons ambitieux.    

Si je me place sur le plan de la souveraineté des peuples, je suis partisan des échanges entre les cultures, entre les pays, entre les hommes et pour le commerce qui a toujours fait parti intégrante de l'histoire de l'humanité (dès la plus haute antiquité, les échanges ont fait la richesse du développement humain).
Par contre, je trouve très dangereux qu'un continent, un pays, une région deviennent complètement dépendants sur le terrain des besoins de bases. J'évoque en particulier la notion de souveraineté alimentaire. Minimiser le transport est un moyen de relocaliser les productions. Je ne suis pas expert, mais si j'ai bien compris l'ensemble des élevages européens sont dépendants des importations de tourteaux de soja brésiliens (apport en azote essentiel). D'un point de vue géostratégique, c'est plutôt risqué! Quid, si le Brésil change de modèle de développement, si une catastrophe naturelle ou une épidémie genre phylloxera viennent réduire drastiquement cette production. Attention, je parle bien de la circulation des biens, je suis par contre très partisan de la circulation des idées et l'affranchissement des barrières des droits intellectuels.

La question de la granularité de l'échelle territoriale est bien sur une question importante à se poser, je dirais qu'elle s'adapte à chaque problématique et doit être envisagée au cas par cas. Mais à mon avis, pour l'exemple de l'écotaxe, elle est au minimum celle de l'Europe. Il n'y aura pas de solutions pertinentes à des échelles nationales ou alors à créer des îlots extraterritoriaux qui vivront sur le dos des autres (genre la Suisse).  Je me sens seul mais je milite pour plus d'Europe, allons vers les Etats Unis d'Europe, et relevons l'échelon démocratique au niveau Européen là où devrait se prendre (et se prennent) les orientations majeures dans une opacité totale sur la base d'une idéologie néo libérale dominante.

Un article du présent blog traitait déjà du sujet.
  • Le cas de la Bretagne

Pour le cas de la Bretagne en particulier, je m'inscris dans la ligne de José Bové et de la confédération paysanne pour dire que le modèle de développement agricole productiviste qui a eu cours les 50 dernières années dans cette région est en bout de course. Les dégâts sur l'environnement sont déjà immenses, la Bretagne est une des régions européennes où les eaux souterraines sont les plus polluées.

Les combats actuels me font penser aux combats d'arrière garde visant à maintenir un ordre établi menant droit dans le mur. Quand j'entends le responsable de la FNSEA dire qu'il faut attendre que la croissance revienne pour imposer de nouvelles taxes, je saute au plafond.

Il ne faut pas être grand prospectiviste pour prévoir que la croissance économique dans notre vieille Europe va rester atone dans les décennies à venir. Le modèle de développement des trentes glorieuses est loin derrière nous et ne reviendra pas. L'enjeu est de faire évoluer le modèle, la Bretagne a beaucoup de cartes en main avec des collectivités, des entreprises et une société civile actives, une identité culturelle riche, une "diaspora" influente (les autolibs parisiennes sont immatriculées dans le Finistère) et des atouts naturels certains. Pour nous et pour les bretons, passons à autre chose.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire